A se changer en roi,
A hurler à la lune,
A traquer la fortune,
Tout ça pour trainer son poids [Noir Désir, Comme elle vient <= Les Fatals Picards, Noir(s)]
Après le calme, la tempête: c'est ce qu'annoncent le dernier épisode de la saison 1 et le premier de la saison 2.
Et effectivement, cette saison 2 pète la forme!
Les éléments laissés en suspens à la fin de la première saison sont développés et donnent de nouvelles directions à la belle bande de clampins que j'ai été ravie de retrouver et que désormais j'adore au-delà du possible.
Je me suis avalé cette saison en une petite semaine - ce qui je crois ne m'était jamais arrivé de ma vie, mais les fins d'épisodes maîtrisent le teasing à la perfection, et puis cette série est tellement bonne, que je me serais bien tout visionné d'un seul coup si j'avais pu!
Et c'est toujours aussi bien foutu, avec les comics intimement liés à l'ensemble, et leurs dessins en fondus à chaque début d'épisode pour raconter la suite de l'histoire de nos super-héros aux pouvoirs moisis
On commence par reprendre les péripéties de Montréal où elles en étaient, avec la magnifique connerie de Captain Canada incarné par un Courtemanche excellent mais que j'ai eu un peu de mal à reconnaître...
Et on retourne au Village entre-temps attaqué, ce qui pousse l'intégralité de la bande (sauf le barman qui n'a pas survécu, snif) vers de nouvelles aventures...
A commencer par opérer un repli d'abord vers un autre site d'anciens super-héros, puis vers le Bunker prévu pour les super-héros de tous les pays en temps de guerre.
Le système de sécurité de ce bunker a été élaboré par un fan d'énigmes et devinettes tordues, dont la clé d'ouverture qui est un petit bijou ^^
"Au pied des mûres, encerclée par les loups, la tête du serpent vous ouvrira la porte quand vous aurez des têtes de con !"
Et puis voilà, il se passe tout plein de trucs sur lesquels je vais passer allègrement, mais j'ai vraiment accroché à fond, j'ai eu une impression de plus grande efficacité que la saison 1, mais sûrement aussi parce que justement avoir vu la saison 1 m'a attaché aux personnages et à l'esprit de la série, sa décontracture tout en menant une vraie intrigue qui tient la route, avec des petits appartés décalés et les boulettes des superhéros débilos mais tous tellement attachants... Ce serait un pléonasme de rajouter "tellement humains"
Klaus et Doug sont vraiment mes grands préférés, avec Mary. Même si en fait je les surkiffe tous plus les uns que les autres.
Les nouveaux arrivants sont très sympas aussi, dont Jean Micheng au pouvoir redoutable, ou Valur le vieux briscard qui a la classe et un chouette accent et qui ressemble vraiment beaucoup à Dave, qui aurait tout aussi bien pu tenir le rôle (après tout, y'a bien Pierre Palmade en invité d'un épisode).
Nouveauté dans cette saison, on a droit à des flash-back du passé de John en ado maladroit au look *spécial* et son premier amûr....
("j't'aime comme le feu" ^^)
Et bien sûr sa relation houleuse avec Jennifer poursuit ses hauts et ses bas, ses incompréhensions et ses hésitations, et ses brefs moments de bonheur... L'espèce de déclaration que lui fait John quand il vient la tirer une énième fois de la merde où l'ont laissée les autres est absolument magnifique.
Et puis dans tout ça, les super pouvoirs se réveillent un poil et les super costumes ressortent pour un ensemble du plus bel effet, qui m'avait moyennement convaincue quand j'étais tombée dessus avant de regarder la saison 2 mais qui est finalement totalement justifié et intégré à l'esprit de la série.
Voilà, donc c'est officiel, je suis super fana. Et je rejoins les nombreux autres fans frustrés de voir la série bloquée à la fin de cette saison 2 par la faute des diffuseurs qui comme d'habitude n'y comprennent rien aux séries de qualité qui méritent d'être mises en avant bien plus que la facilité des blockbusters habituels et même pas français...
Surtout quand la fin de la saison 2 nous laisse sur un suspense insoutenable avec un tas d'éléments à suivre au plus près! C'pô humain de laisser des trucs pareils sans réponses.
Alors je ne peux que réclamer à grands cris moi aussi une saison 3 à tous prix, diffusée par n'importe quel moyen, et me rallier à la campagne PINAGE que je vous invite à soutenir si vous aussi êtes un fan frustré et que par le plus grand des hasard vous n'êtes pas déjà dans le coup:
Dans le cas contraire, regardez Hero Corp, vous allez voir, si vous accrochez ne serait-ce qu'un peu, il y a de grandes chances que vous aussi deveniez complètement mordus et attrapiez aussi la manie de brailler "pinaaage" à tout bout de champ, intérieurement ou pas.
Pinage pinage pinage!
Pinaaaaââââaaaage!!!
Et je voudrais saluer au passage les super initiatives et l'implication des fans dans les Pinage Events qui valent le détour, zieutez donc la version courte(2mn30) ou la version longue(15mn), ça donne envie d'y avoir été...
Là aussi, j'étais censée lire ce livre pendant le mois de février en compagnie du Cercle d'Atuan, mais je n'ai absolument pas réussi à suivre le rythme et je l'ai lu dans mon coin, d'une traite en deux jours.
Et c'est aussi bien, car visiblement c'est un bouquin qui supporte très mal la lecture morcelée.
Eli est un clochard, brisé, au bout du rouleau, Belle une prostituée qui cherche à fuir son mac. Matthew est un jeune homosexuel, Seven un tueur à gages sans pitié. Ils ne se connaissent pas mais se retrouvent ensemble sur le même bateau… en partance pour l’Enfer. Un Enfer un peu particulier, qui pourrait être New York mais n’en est qu’une copie… franchement décalée. Tous quatre, armés de leurs seuls soucis et accompagnés par un étrange personnage, n’ont plus alors qu’une idée en tête: trouver un moyen de s’évader.
Euh ben je vais pas revenir sur l'intrigue et les personnages: pour une fois le résumé éditeur est vraiment parfait.
Dans les deux premiers tiers du bouquin, on suit donc quatre marginaux dans leur vie après la mort, dans un Enfer qui reflète tristement les pires aspects de notre monde, à peine exacerbés dans leurs extrêmes.
Grisaille urbaine, instituts aliénistes, mass médias de propagande, clochard Oubliés traqués pour être "souvenus": ici les flammes sont celles d'incendies vandales et les démons sont humains...
A partir du moment où le premier de nos quatre personnages principaux décide que ça ne peut plus durer, quitte à se frayer un chemin vers la sortie à coups d'hécatombes (car oui, on voit des gens mourir même en enfer, et difficile de savoir ce qui leur arrive alors), ce n'est que de l'action, digne du blockbuster américain standard.
Ca pourrait finir par être gavant, mais je suis toujours restée tenue en haleine par le sort des quatre fugitifs, jusqu'à ce qu'un autre élément prenne le relais le narrateur qui s'adresse à un personnage invisible et inconnu en le tutoyant.
C'est dans le dernier tiers que ce personnage se joint à la troupe, et bon sang j'ai adoré C'est pourtant relativement prévisible et même presque classique, mais j'adore l'aventure dans ce genre-là, un peu comme dans les livres de Simon Green: les aspects de super-héros sont assumés et décomplexés, on sort l'artillerie et c'est très gros, mais voilà c'est génial, jouissif. Et pourtant c'est vraiment pas mon truc, l'aventure-baston-superhéros. Mais quand on connaît en profondeur les héros en question et qu'ils sont très humains, ça rend le tout bien plus fun.
C'est donc un roman bien divertissant, à lire entre deux autres trucs plus sérieux, pour se reposer la tête dans un univers qui pourrait tenir du jeu vidéo
"L'enfer c'est la vie à laquelle vous pensez à l'instant de votre mort, celle que vous croyez mériter. Vous êtes tous persuadés de devoir atterrir ici et vous êtes tous persuadés qu'on ne peut pas quitter ce lieu, voilà comment ça marche. Réfléchissez-y, d'accord ? La Clé, c'est l'espoir."
De par mon travail mais aussi par curiosité et pour le plaisir, il m'arrive de temps en temps de bouquiner des albums pour enfants.
Ou même des albums pour adultes, d'ailleurs, avec tous les talentueux dessinateurs tels que Jen-Baptiste Monge, Paul Kidby, etc...
Ce qui m'amène tout naturellement à rejoindre les rangs de ce beau challenge organisé par Hérisson:
J'ai choisi de me mettre la barre à 10 albums, puisque j'en ai déjà 3 à chroniquer et plusieurs autres que je compte lire à l'occasion, ça devrait être facilement bouclé.
Voilà, donc vous aussi, n'hésitez pas à lire des albums aussi
Et voilà, encore une fois je n'ai pas vraiment lu tout ce que j'avais prévu, il ne m'aura pas fallu longtemps pour m'étaler comme une crêpe dans mes belles résolutions. Enfin, j'étais aussi résolue à faire dans la mesure du possible, mais aussi rester libre, donc tout va bien ^^ Par contre on est déjà le 6 mars, un peu tard pour un bilan de février. Un peu crêpe quand même, donc.
Alors en ce court mois de février, j'ai lu 3 romans de littérature générale, ce qui n'est pas négligeable pour mes proportions de genres lus. La venue de Lionel Davoust à Limoges m'a donné l'occasion de ressortir son bouquin La volonté du dragon et de le lire sans plus attendre. J'avais aussi déjà commencé à lire Carina Rozenfeld, auteure jeunesse éditée entre autres dans la collection Le Maëdre dirigée par Stéphane Manfredo qui est venu avec Lionel Davoust. Et j'ai enfin chroniqué Bohême, qui était censé être la lecture de janvier sur le Cercle mais que je n'ai pas vraiment réussi à suivre avec les autres, et encore moins "Evadés de l'enfer!" de Hal Duncan qui était la lecture de février. Mes 8 livres lus et/ou chroniqués en février:
- [BD] Les carnets, 4: Piano (Joann Sfar) - Mal de pierres (Milena Agus) - Fille de rouge (Isabelle Alonso) - [BD] Un week-end entre parenthèses (James) - La Quête des Livres-Mondes, 1: Le livre des âmes (Carina Rozenfeld) - La reine des lectrices (Alan Bennett) - Bohême (Gaborit, Mathieu) - La Volonté du Dragon (Lionel Davoust)
J'ai actuellement peu de lectures en cours, et plutôt des lectures-pointillés:
- La poésie française pour les les nuls (Jean-Joseph Julaud) - Trois mille ans chez les microbes (Mark Twain)
J'ai 5 chroniques en préparation, dont ce que j'avais envoyé pour le Elderlings Swap (je n'ai jamais reçu le mien, mais ma chronique était faite, il faut juste que je la ressorte et la dépoussière et parle un peu du swap malgré tout) et que j'avais adoré, ainsi que 3 albums qui vont me permettre avec d'autres de m'inscrire au challenge "je lis aussi des albums" de Hérisson:
- Elle qui chevauche les tempêtes(George R.R. Martin & Lisa Tuttle) [Elderlings Swap] - Shéhérazade (Béatrice Fontanel) - Le soupir (Marjane Satrapi) - Ajdar (Marjane Satrapi) - Evadés de l'enfer! (Hal Duncan)
Je ne sais pas trop ce que je vais lire en mars, j'ai trop de choix et d'urgences.
D'autant plus que je suis en train de planifier mes sorties de l'année et ça va être riche en salons du livre, ce qui me presse plus qu'autrement pour mieux connaître certains auteurs avant d'avoir l'opportunité de les rencontrer.
Je voulais aussi organiser un challenge/swap sur Thursday Next de Jasper Forde et un sur La Tour Sombre de Stephen King, mais je crois que ça va encore attendre, peut-être même jusqu'à l'année prochaine En tous cas je nourris toujours le vague espoir de relire les Thursday Next au plus vite.
Côté accroissement de PAL, j'ai été beaucoup plus raisonnable en février qu'en janvier, puisque je n'ai acheté que "Janua Vera", de Jaworski, en occasion.
Puisqu'on est début mars à l'heure de ce bilan de février, je vais quand même inclure aussi "Fedeylins, 1: Les rives du monde", de Nadia Coste, dont j'ai gagné un exemplaire chez Acr0.
* Côté vidéos, quasiment rien à se mettre sous la dent, à part des tout petits trucs qui datent principalement de ma mini IRL vademecumeuse:
- Le Grand Pot-au-Feu, parodie du Seigneur des Anneaux doublé par le Naheulband - Le Conseil Corporate, même veine, même Naheulband, découvert par le FB de Mengwei - HP et le malaise des jeunes, de State Alchemist, que j'avais adoré quand j'étais encore bien dans ma période potterienne, en particulier l'épisode 3 qui reste culte dans mon p'tit espace de références interne - The Curse of Fatal Death, parodie officielle de Doctor Who où S. Moffat lui-même tourne en dérision très sérieusement la série dont il est maintenant le maître à bord, avec notamment Rowan Atkinson et Hugh Grant. C'est excellent! - Arnaud Tsamere: Vaudeville, La Pendule/Oh quelle journée, de l'émission "On n'demande qu'à en rire" qu'anime L. Ruquier, découvert par le FB de ma potesse Marie et qui valait le détour * Côté musique, je suis débordée et manque de temps là aussi. J'ai avancé un peu dans mon exploration de In Extremo, avec notamment "Pavane" dont je connaissais la version "Belle" du trio Laïs (et l'air réutilisé par le Naheulband dans "La geste héroïque de Gurdil"). J'ai aussi commencé à explorer de plus près Queen et Freddy Mercury, comme je voulais le faire depuis longtemps, après une discussion sur FB avec Syane où j'ai découvert qu'il avait écrit une chanson sur son chat, "Delilah", à la fin de sa vie alors qu'il était très malade. Du coup j'ai fait un tour sur Wiki et j'en suis ressortie légèrement retournée, et avec une oreille encore plus émue pour la chanson "The show must go on" qui avait déjà le don de me prendre aux tripes. Je réécoute pas mal aussi Saez, surtout l'album "Paris", et puis la B.O. du film l'Illusionniste de Sylvain Chomet que j'attendais avec impatience.
Ce mois-ci je vais voir Jamiroquaï, et même si je me débats encore dans les merdouilles pour me débarrasser de ma place en trop, ça promet d'être une chouette de bonne soirée. *
Côté créatif, j'ai fugacement ressorti mes perles pour avancer dans mes prototypes de Mort-aux-Rats, mais je ne suis pas encore satisfaite de mes recherches, il m'en faudra un troisième pour trouver le bon, au minimum.
*
En feuilletant un des derniers numéros de Géo Magazine, j'ai flashé sur cette image, illustrant les nouvelles vies des "red boxes" au Royaume-Uni:
Sur ce, mon petit Tinouil (qui vient de passer du statut de chaton à celui de jeune adulte stérilisé) et moi vous souhaitons un bon mois de mars, en espérant que je serai plus ponctuelle pour faire le dessert ^^
Bon allez, assez procrastiné, il faut que je chronique ce livre.
C'est un coup de coeur, et comme souvent dans ces cas-là j'ai du mal à trouver qu'en dire, sorti de cette distinction.
D'autant plus maintenant que j'ai rencontré l'auteur plusieurs fois et que je le suis quotidiennement sur son facebook et son blog, et qu'il est immensément sympathique et intéressant.
Si vous ne le connaissez pas encore, je vous conseille déjà de faire un tour sur son blog, où vous trouverez quelques nouvelles à télécharger gratuitement, et qui valent vraiment le détour, en particulier Tuning Jack.
Ensuite, je vais me débarrasser du seul petit reproche que j'ai à faire à La volonté du dragon: le résumé du 4° de couverture ne donne pas vraiment envie de le découvrir, il fait à la fois trop classique ("Une reine dont les yeux émeraude lisent l'avenir... Un enfant-roi, passablement fou, gardien d'un savoir oublié..."), trop explicite sur l'intrigue et en même temps trop mystérieux, notamment avec cette reine qui n'est en fait que très lointaine, bien qu'on suive ses émissaires, et la situation exposée un peu trop largement.
Alors que quand on commence vraiment la lecture, les personnages rendent tout ça bien plus vivant et donnent enfin vraiment envie d'en savoir plus, de voir comment tout ça va se dérouler et se terminer.
Ou alors c'est moi qui suis devenue blasée des 4° de couv. des romans de SFFF, je ne sais pas, mais je persiste à trouver celui-ci mal fait et loin d'être suffisament accrocheur.
Ce qui ne ressort pas assez, c'est qu'on est dans un monde inédit, certes, avec un combat stratégique sur plusieurs fronts et une pincée de magie, certes, mais qu'avant tout ce sont les personnages qui donnent tout l'intérêt à l'histoire, des personnages très humains, avec leurs forces et leurs failles, leurs perceptions du monde et leurs combats intérieurs...
Alors ne vous fiez pas trop à l'impression que pourra vous laisser le résumé éditeur, et ouvrez-le, c'est beaucoup plus passionnant à l'intérieur
Outre la finesse de la psychologie des personnages et du réalisme humain, j'ai beaucoup aimé l'aspect de bataille navale, et les techniques artech, sorte de science teintée d'extralucidité, contre la magie moins sophistiquée mais bien plus redoutable des qhmarri.
Il y a plein de bonnes idées dans ce roman et cet univers d'Evanégyre, et pour ne rien gâcher elles sont bien développées.
Ah, j'allais oublier, par contre, les noms propres bizarres, genre D'eolus Vasteth, Urvayd, Vlancas, Syaldon... D'habitude j'ai tendance à avoir un mouvement de recul face à la bonne vieille recette "pour faire fantasy, lâchons-nous sur des noms stylés, avec des y et des apostrophes", mais ici j'ai trouvé que ça s'intégrait plutôt bien, en fait. Il y a une cohérence avec l'univers, ce qui manque généralement dans les livres où ça me fait tiquer (et limite me gâche la lecture, même).
Voilà voilà. Je suis décousue et incomplète, mais ma foi faudra bien s'en contenter, comme d'hab'
Sachez également que pour ne rien gâcher, le livre est émaillé de quelques illustrations un peu comme des fanarts mais vraiment de très bonne qualité!
Avec un bonus à la dernière page,où il opère un petit changement de destin, avant que celui-ci se rebiffe pour tout faire rentrer dans l'ordre ^^ Ce n'est donc pas une fin alternative en happy end comme je l'ai d'abord cru en le redécouvrant à la fin de ma lecture, ce qui m'aurait plutôt déplu (La volonté du dragon est du genre de livres où ça finit mal mais que c'est la fin parfaite), mais une pirouette rigolote fort sympathique ^^
Voilà voilà. Je vais vous laisser sur la citation de la fin:
"Il lui restait l'espoir que le jeu ne soit malgré tout qu'une mascarade, un artifice destiné... mais à quoi, exactement? Quel était l'intérêt d'enfermer un chef ennemi de la sorte, seul à seul, si ce n'était pour l'attirer sur un terrain favorable et arracher ainsi la victoire? En définitive, les stratèges et les souverains, détachés du foyer de l'action, ne faisaient rien d'autre quand ils décidaient des frontières et des mouvements d'armées sur des cartes. Tout cela n'était que des représentations, transformées en actions par le moteur du désir."
Bon, c'était censément la lecture de janvier du Cercle d'Atuan, mais par manque de temps je n'ai pas pu suivre le rythme des rendez-vous réguliers, j'ai bien essayé au début mais j'ai dû le finir d'un trait, en retard ^^
Après la révolution industrielle, l'Europe a été submergée par une substance étrange et dangereuse, l'écryme. Reliées par un fragile réseau de traverses d'acier, seules quelques cités gouvernées par l'aristocratie capitaliste émergent dans cette mer corrosive. Mais sous le joug de la Propagande, la révolte gronde... Quand un dirigeable porteur d'une précieuse cargaison clandestine s'échoue dans l'écryme, c'est Louise Kechelev, avocate-duelliste et fille de révolutionnaires praguois, qui est chargée de récupérer la cargaison. Dans la même zone, un régiment de hussards en mission de reconnaissance a été décimé par une mystérieuse crise de folie. Seul survivant, le commandant Léon Radurin doit fuir les foudres de la Propagande. Pour Louise et Léon, c'est le début d'un voyage sans retour aux confins des traverses, où se murmure le nom d'une cité perdue : Bohème.
Au début j'ai trouvé déroutant, parce qu'à la base c'est un jeu de rôle avant d'être deux nouvelles réunies dans ce livre, alors on débarque un peu abruptement dans un monde étrange aux tendances uchronistes et steampunk - bien que ce soit ni tout à fait l'un ni tout à fait l'autre, mais surtout déjà bien construit et fourmillant d'inventions qui lui donnent son identité propre...
Mais peu à peu on "rentre dedans", surtout en s'intéressant à l'écryme, cet épais brouillard corrosif qui recèle bien des mystères et modèle le paysage en d'innombrables traverses qui relient des cités indépendantes, notamment Moscou. Un Moscou écrasé par les métropolites de la Propagande, un organisme puissant et manipulateur, contre lequel lutte dans l'ombre une poignée de rebelles, pour la plupart des gens du peuple, le tout rappelent bien évidemment furieusement les régimes communistes et leurs dérives autant que leurs mouvements révolutionnaires.
On s'attache rapidement à Louise, parfait stéréotype de l'héroïne steampunk, grande aventurière qui sait faire parler le fer, et encore plus Léon, le brave hussard désabusé qui se retourne contre sa hiérarchie.
Les personnages secondaires sont souvent assez attachants eux aussi, notamment un dont je n'arrive pas à retrouver le nom qui a une jambe de bois montée sur une roue de vélo, ce que j'ai absolument adoré...
Voilà, et le format de nouvelles peut être frustrant, bien que personnellement ça ne m'ait pas dérangé, d'autant plus si on considère que ça part d'un jeu de rôle.
Le style m'a paru remarquable, et j'ai bien aimé ce parfum d'aventure, cette atmosphère particulière et cet univers bien planté.
Et même si j'hésite à le considérer comme une uchronie, les parallèles historiques sont assez nombreux et importants (mois du calendrier révolutionnaire français, éléments communistes et révolutionnaires, en pensant aussi forcément à la Commune de Paris, etc) pour que je le fasse passer dans mon challenge du Winter Time Travel de chez Lishbeï ^^
"Elle se trouvait à présent au coeur d'un cratère artificiel aux parois abruptes esquissées par les châssis de carrosses plantés à la verticale. Des lanternes capuchonnées formaient un cercle de lumière à mi-hauteur. Etagés sur trois niveaux, les châssis reconvertis composaient les étagères d'une immense bibliothèque circulaire.
La poitrine comprimée par l'émotion, Louise tournoya sur elle-même. Des milliers de disques, des parchemins, des reliures de cuir et de vélin, des codex, des plaques de cuivre, de zinc et d'écorce. Un tel trésor n'avait rien de comparable."