La tune dans le caniveau (Thierry Crouzet)
Peu de chroniqueurs parlent des livres publiés en numérique tout simplement parce qu’ils ne sont pas équipés de liseuses. À l’occasion de la sortie de La tune dans le caniveau, Bookeen leur propose de gagner un Cybook Orizon.

Au début je l'ai écarté d'office, débordée que je suis sous les lectures urgentes innombrables qui me submergent littéralement sous le nombre ^^
Et puis à la réflexion, je me suis dit que ça serait vite lu...
Et j'aime bien lire des e-books parce que ça fait de bonnes petites coupures entre des lectures plus longues de livres en série...
Alors même si je ne crois pas avoir de grandes chances de remporter le gros lot, ça coûte rien de tenter sa chance donc pourquoi s'en priver?
C’est la grève générale.
Suivis par les cameramen de la triD, les pauvres dépouillent les riches et paralysent Paris. Les ordures s’accumulent dans les rues. Extase pénètre dans le 6e arrondissement abandonné aux insurgés pour y retrouver son père, le plus célèbre des activistes du réseau.
Autant dire que le sous-titre trouve un certain écho par ces temps de "semaines sociales" ^^
Dès le début, j'ai été accrochée par le style, et l'univers planté:
"Des lignes qui s'entrelacent, se nouent et se dénouent à travers une multitude d'aiguillages et de gares de triages, dessinent des réseaux, tantôt d'adduction ou de transport, tantôt d'information ou d'énergie. Ils irriguent des sytèmes, des entités, des corps, des villes. Au XIXe siècle, selon cette logique réticulaire, le baron Haussmann avait restructuré les égouts de Paris."
L'uchronie est fort réaliste, par certains côtés, et même poussée à son extrême, avec une révolte des pauvres contre les riches - terme devenu assimilé à une insulte, l'idée est basique mais intéressante.
"La grève, puis la révolte, avaient gagné toutes les villes occidentales. Plus personne ne gobait la promesse d'une prospérité partagée entre tous. Les pauvres s'étaient appauvris. Les démagogues leur avaient expliqué que leur pauvreté était toute relative comparée au passé. Les insurgés s'en moquaient. Ils n'avaient pas envie d'être en bas de l'échelle, de s'enfoncer dans les caniveaux de l'humanité. Ils s'attaquèrent aux donneurs de leçons, puis aux frimeurs de la finance, enfin aux arrivistes technophiles."
On prend particulièrement plaisir à suivre ceux qui cherchent une troisième voie dans ce monde manichéen et en crise.
Selon Noam, penseur révolutionnaire et décalé qui fait buzz pour chaque parti, l'alternative serait l'immersion dans le réseau - espace culturel et social à la portée de tous, jusqu'à ce que la propriété perde toute signification ; trouvant ainsi la liberté et l'égalité des individus dans l'ouverture, le partage et les possibilités infinies que permettent la dématérialisation.
On pense aussi à notre mondialisation et nos régionalismes...
"Il n'y a égalité que dans la différence. Être comblé dans un domaine n'implique pas de l'être dans un autre."
Bref, c'est une nouvelle qui trouve bien des échos dans notre société actuelle.
L'intrigue est peut-être un peu simpliste et rapidement bouclée, mais les personnages sont assez intriguants pour qu'on s'attache à les suivre, surtout Extase, la fille de Noam. L'espèce de jeu de piste qui s'instaure entre elle et son père, formant ainsi la chute de la nouvelle, est astucieuse.
Au final c'est une nouvelle plutôt sympathique, à conseiller aux amateurs de SF et d'uchronie réalistes de ce genre!
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Commentaires
L'intrigue est forcément simpliste en si peu de pages mais Thierry Crouzet donne à réfléchir aux lecteurs sur les rapports sociaux.
Pour chroniquer ce livre je me suis permis une expérience de lecture en direct.
Et à ce prix là, pourquoi s'en passer?
Et comme tu dis, à ce prix-là ça ne coûte rien d'y jeter un oeil!
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